Slow working : ce que la crise nous a appris

S’il y a bien une chose que la crise sanitaire nous a appris, y compris contre notre volonté, c’est à ralentir et à renouer avec le temps long ! Celui de journées plus longues, rythmées certes par des réunions « visio » à n’en plus finir, mais libérées, entre autres, des temps de déplacements. Celui aussi de l’attente, de la temporisation forcée de nos rendez-vous si importants hier, des échéances reportées, voire carrément déprogrammées… Accepter ce qui nous semblait inacceptable hier. Nous contenter des possibilités, des outils et des moyens à notre portée. Bref, nous adapter pour continuer à travailler.

Pendant cette crise, que nous avons vécue différemment selon la nature de nos activités et de nos engagements, professionnels ou familiaux, c’est ni plus ni moins notre rapport au temps qui a changé. Ces deux mois de confinement, suivis par un déconfinement progressif, puis par un 2ème reconfinement qui s’incarne pour de nombreuses personnes par la poursuite du télétravail, nous ont permis de goûter à un rythme différent. Il nous a surtout permis de retrouver du temps pour la réflexion et le long terme : prendre le temps de travailler sur des projets de fond, mettre ses projets, y compris personnels, en perspective, s’interroger sur ses priorités et choix de vie, envisager plus sérieusement la possibilité d’une reconversion professionnelle et poser un premier acte concret en s’inscrivant à une formation, par exemple. Cette crise sans précédent nous a rendu plus agiles, et surtout plus créatifs. Et pour cause ! Pour se déployer, la créativité a besoin d’espace et de temps. C’est vrai pour les adultes comme pour les enfants. On ne crée pas sous la pression du temps. Avez-vous déjà essayé d’écrire, de dessiner, de sculpter, de danser, bref de créer la moindre œuvre artistique sous la pression du temps ?

Marquer une pause, ralentir le rythme et mettre son cerveau au repos offrent à tout projet, et ce quel que soit son stade d’avancement, embryonnaire ou avancé, les conditions idéales pour qu’il murisse et se développe, c’est-à-dire le temps de maturation dont il a besoin. Le repos, on le sait désormais, est le terreau fertile de l’imagination. Vous ne faites rien en apparence mais votre inconscient, lui, continue de « travailler » sur le projet, il classe, ordonne, fait des connexions. En mettant votre conscient sur pause, vous laissez immanquablement plus d’espace à l’inconscient pour se déployer. L’inspiration peut émerger.

De l’importance de réhabiliter des temps de réflexion dans ses journées de travail

Il n’y a rien de plus difficile que de réfléchir. Voilà pourquoi si peu de gens s’engagent dans cette voie. 

Henry Ford

Plus notre tête est pleine, moins notre cerveau est à même de distinguer ce qui importe vraiment. C’est la raison pour laquelle nous avons besoin de réintroduire dans nos journées de travail des temps dédiés à la réflexion. 

Combien d’erreurs, de mauvaises interprétations, d’informations-clés ratées, de non-sens, de malentendus, devons-nous imputer à la précipitation au travail ? Combien de mauvaises décisions prises à la hâte, sans que l’on ait pris le temps d’étudier un problème dans sa globalité ? Quel est le coût, in fine, d’une approche superficielle des défis qui s’offrent quotidiennement à nous dans un contexte professionnel complexe et mouvant ?

Voici autant de questions que l’on pourrait légitimement se poser tant la dictature de l’urgence et de l’immédiateté s’est imposée, bon gré mal gré, dans les entreprises jusqu’à dicter sa loi.

En tous les cas jusqu’à cette crise. Souvenez-vous, ce n’est pas si loin !

Nos journées de travail sont devenues si fragmentées qu’il nous était difficile, voire quasiment impossible, de nous poser pour réfléchir. Qu’elle commence tôt ou qu’elle finisse tard, et quel que soit le poids de nos responsabilités, notre journée de travail était morcelée en de toutes petites briques de temps qui se succédaient les unes aux autres et qui ne nous garantissaient plus un confort de travail suffisant pour rester efficace.

Bien évidemment, la réflexion en elle-même, dans un cadre professionnel (sauf si vous êtes chercheur et que votre métier consiste précisément à… réfléchir) n’est pas une fin en soi et toutes les tâches qui nous incombent ne méritent pas que nous nous y attardions (heureusement, n’est-ce pas ?) et que nous étudiions le problème sous toutes ses coutures ! Inutile de couper les cheveux en quatre et de passer 45 minutes à réfléchir à la meilleure façon de remplir le bulletin d’inscription à la prochaine formation qui nous intéresse…

Il peut être intéressant en revanche de vous interroger dès à présent sur les tâches qui, dans votre poste de travail, mériteraient des temps de réflexion plus importants.


Autodiagnostic : je fais le point !

Prenez 5 minutes (de réflexion ?) pour vous livrer à ce court autodiagnostic :

  • Quelle place j’accorde aujourd’hui à la réflexion dans ma vie professionnelle ?
  • Combien de temps est-ce que je consacre chaque jour, chaque semaine, chaque mois à la réflexion ?
  • Ai-je en mémoire un ou plusieurs souvenirs professionnels dans lesquels le manque, voire l’absence de réflexion a été la cause d’une erreur ayant eu des conséquences non négligeables (sur les autres ou sur moi) ?
  • Ai-je réellement l’impression que je gagnerais en efficacité au travail si je prenais davantage de temps pour réfléchir ?
  • Dans laquelle de mes missions ou de mes tâches précisément davantage de réflexion me serait utile ?
  • Qu’est-ce que j’aurais à y gagner, selon moi ?

Et s’il était encore nécessaire de vous en convaincre, gardez à l’esprit que réfléchir permet avant tout de :

  • Prendre de meilleures décisions.
  • Retrouver votre lucidité pour faire les bons choix.
  • Arbitrer vos priorités avec plus de discernement, surtout en cas de conflit entre celles-ci.
  • Eviter les erreurs, les non-sens, les malentendus, les mauvaises interprétations.
  • Faire baisser son niveau de stress en faisant redescendre la pression.
  • Devenir plus calme et plus posé en vous reconnectant avec un sentiment de plus grande maîtrise.

Réfléchir pour mieux agir est le7ème des 14 principes du slow working, que j’ai définis dans mon dernier livre, et probablement l’une des clés les plus importantes pour travailler moins mais mieux !